Je profite de cette journée, où je viens de déposer ma balance de précision pour son contrôle annuel d’homologation, pour vous parler des obligations, souvent méconnues de la plupart des gens, qu’un(e) bijoutier(e) français(e) travaillant les métaux précieux doit suivre.
La déclaration d'existence et le poinçon
Tout d’abord, nous devons être déclarés au niveau des douanes et obtenir un poinçon. Celui-ci comporte un dessin de notre choix (qui doit être unique et validé en le comparant à celui des autres bijoutiers) ainsi que nos initiales, le tout encadré par un losange. Pour ma part, j’ai choisi un dessin représentant des fleurs de cerisier, car il s’agit, avec l’orchidée, de mes fleurs préférées. Le poinçon permet, lors d’éventuels contrôles, d’identifier l’artisan(e) qui a créé le bijou. Il est obligatoire sur toute création comportant des métaux précieux créée en France.
Vous verrez souvent le logo « 925 » apposé sur des bijoux. Sachez toutefois que celui-ci ne constitue en aucun cas une garantie de l’alliage du bijou. En effet, n’importe qui peut se procurer ce poinçon « 925 », qui est en vente libre et non vérifié par les douanes, et l’apposer sur des bijoux. Concernant les bijoux achetés à l’étranger, il n’y a souvent que le poinçon 925 car ils n’ont pas d’obligation de poinçon comme en France. A ce moment-là, il est histoire de confiance envers le commerçant.
La balance de précision et le livre de police
Ensuite, et ce pour toute création de bijou en métal précieux (argent, or, platine…), nous devons posséder une balance de précision. Elle doit être réhomologuée chaque année par une entreprise agréée. Cette balance nous permet de peser le métal précieux qui entre à l’atelier (dont nous devons bien entendu garder les factures), et qui en sort (en pesant les créations avant et après sertissage). Nous devons noter ces pesées dans un livre de police, qui a été auparavant vérifié et validé soit par la mairie, soit par le poste de police de la ville dans laquelle nous exerçons. Ce livre de police permettra aux douanes, dans le cas d’un contrôle, de vérifier la quantité de métaux précieux qui est en notre possession à l’atelier et de vérifier que rien ne « disparait ».
Le poinçon de garantie
Enfin, si le bijou dépasse un certain poids limite (différent pour l’argent et pour l’or), il doit être envoyé aux douanes pour apposer un second poinçon : le poinçon de garantie. Il nous est ensuite renvoyé et peut être mis en vente.
Vous voyez ainsi que l’utilisation de l’argent entraîne de nombreuses obligations, malheureusement souvent ignorées par certains.
Ces obligations rajoutent des étapes invisibles à la création, souvent chronophages, mais qui garantissent une transparence auprès de la clientèle. Le poinçon qui arbore mes créations est ainsi pour moi un gage de sincérité de ma part, et de qualité de mes bijoux.